Butoku & Titres
Les valeurs martiales du Butoku, telles qu’elles sont promues par la Dai Nippon Butoku Kai, reposent sur une tradition ancienne du Budō japonais. Elles dépassent donc largement la simple efficacité au combat. Elles s’inscrivent dans une éthique du développement personnel, du respect des autres et de l’harmonie universelle, dans l’esprit du Bushidō et des traditions éducatives japonaises. Au-delà de la maîtrise technique ou de la performance physique, elles englobent un cheminement moral, spirituel et éducatif.
La Dai Nippon Butoku Kai (DNBK), fondée en 1895, est l’organisation d’arts martiaux la plus ancienne du Japon. Elle demeure l’une des plus prestigieuses au niveau mondial. Elle est créée sous l’autorité du Ministère japonais de l’Éducation et avec le soutien de la Maison Impériale, pour unifier, préserver et transmettre les arts martiaux traditionnels japonais (koryū et gendai budō) avec les valeurs morales, spirituelles et éducatives du Butoku (vertu martiale). Après avoir été l’autorité suprême des arts martiaux au Japon, elle est aujourd’hui restaurée dans ses fonctions. Elle conserve un rôle de référence morale, culturelle et pédagogique. Les titres de Renshi, Kyōshi, Hanshi, Sō-Shihan délivrés par la DNBK sont considérés comme les plus honorifiques et rigoureux du monde du Budō. La DNBK possède une Division Internationale active dans plus de 30 pays, avec des représentants officiels (Daihyō) reconnus. Elle est un pont culturel entre le Japon et les autres traditions martiales du monde.
Voici une description des valeurs fondamentales du Butoku :
1. Butoku 武徳 – La vertu martiale – Le terme Butoku désigne la vertu propre aux arts martiaux, combinant bu (武 – martial) et toku (徳 – vertu).Elle implique un équilibre entre force et sagesse, discipline et compassion. Le pratiquant doit cultiver la droiture, l’honneur, le courage et la maîtrise de soi dans chaque action.
2. Shin-Zen-Bi 真・善・美 – Vérité, Bien, Beauté – Ce triptyque résume la philosophie morale du Budō promue par la DNBK :
• Shin (真) – Vérité : sincérité dans la pratique, honnêteté dans la vie, recherche d’authenticité.
• Zen (善) – Bien : bienveillance, respect de l’autre, transmission éthique.
• Bi (美) – Beauté : recherche de l’harmonie, non seulement esthétique mais aussi éthique et relationnelle.
3. Rei 礼 – Respect et étiquette – Le rei, ou salut, symbolise le respect du maître, du partenaire, du dojo, et plus largement de la tradition. Il n’est pas une simple forme mais une attitude intérieure de reconnaissance et d’humilité.
4. Chisei 知性 – Intelligence et discernement – Le Budō ne s’enseigne pas comme une simple technique : il exige une réflexion sur le sens de la pratique, une quête de compréhension globale (historique, philosophique, physique). L’intelligence n’est pas purement intellectuelle : elle inclut aussi l’intuition, l’écoute, et la sensibilité à l’autre.
5. Kokoro 心 – Le cœur/esprit juste – Le pratiquant de Budō doit cultiver un cœur pur, calme et déterminé. L’état d’esprit (kokoro) est central : sans paix intérieure, la technique devient violence.
6. Seigi 正義 – Justice et équité – La justice, dans le cadre du Budō, signifie agir selon ce qui est juste et bon, même en l’absence de spectateurs. Le pratiquant doit faire preuve d’intégrité, refuser l’injustice, même si elle est à son avantage.
7. Kenshin 検心 – L’examen de soi – La voie du Budō exige une introspection constante, un travail sur ses défauts et ses motivations. Le progrès technique n’a de sens que s’il s’accompagne d’une croissance morale et spirituelle.
8. Service – Contribution à la société – Le Budō n’est pas une voie égoïste : il vise à former des individus capables de contribuer au bien commun, de servir leur communauté avec noblesse. L’engagement social, l’enseignement, et le soutien aux plus vulnérables font partie de cette dimension.
Titres dans les arts martiaux traditionnels japonais de Hanshi, Sō-Shihan et Daihyo :
Hanshi (範士) Modèle de maître / maître exemplaire. Reconnaissance d’excellence technique, éthique et pédagogique, attribuée par une institution. Il est un titre de maîtrise dans une structure hiérarchique attribué par une organisation comme le système Shogō à la DNBK.
Sō-Shihan (宗師範) Grand Maître principal, Maître des Maîtres / Titre spécifique désignant la plus haute autorité technique d’un style. Le titre de Sō-Shihan est l’un des plus hauts titres honorifiques dans les arts martiaux japonais traditionnels. Titre supérieur, mais hors de la hiérarchie classique, il est un titre fonctionnel dans un style spécifique, généralement unique dans une école ou un ryū. Sō-Shihan prédomine sur Hanshi, mais ils ne sont pas de même nature. Il symbolise une autorité suprême dans la transmission avec une excellence technique, éthique et spirituelle. Il se distingue par son extrême rareté, son exigence et sa portée symbolique au-delà du système des grades même les plus élevés (8e ou 9e dan). Le titulaire de ce titre définit les orientations pédagogiques et les évolutions du style. Il peut diriger le Honbu dojo (dojo central) et arbitrer les conflits ou dérives. Il représente l’école dans les événements officiels au Japon comme à l’international.
Dans le contexte DNBK, le titre de Sō-Shihan est conféré par le conseil du Dai Nippon Butoku Kai à Kyoto sur la base d’une reconnaissance exceptionnelle. Hors DNBK, le titre est aussi utilisé dans les écoles classiques (koryū), les systèmes modernes (gendai budō) pour marquer le fondateur ou la plus haute autorité technique d’une organisation internationale. Le titre de Sō-Shihan, bien que prestigieux dans le cadre traditionnel japonais, n’est pas soumis à une réglementation internationale stricte, ce qui peut conduire à des usages abusifs en dehors des cadres reconnus.
Daihyō (代表) en japonais signifie littéralement “représentant officiel” ou “délégué”. Il désigne une personne agissant au nom d’une école, d’une organisation ou d’un fondateur, souvent à l’échelle nationale ou internationale. Dans une école ou un ryū, Daihyō est souvent utilisé pour le chef de file officiel d’un style dans un pays ou une région. Il est le représentant autorisé auprès d’une organisation comme la DNBK, etc… Il est celui qui engage l’école au nom du fondateur ou du conseil technique. Il peut y avoir plusieurs Hanshi, mais un seul Daihyō par école ou par division nationale.

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